L’Education Physique et le Sport Scolaire
Enjeux et réalité
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Entretien avec Mr Lahcen OUBAHAMMOU
Directeur de la Promotion du Sport scolaire
au Ministère de l’Education Nationale
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Par Masmoudi Abdel Mounaim
Taib BENNANI
Agrégés d’EPS
Q8 : Quelle stratégie avez-vous choisi pour promouvoir le sport scolaire ?
Avant de parler de stratégie, j’aimerais d’abord dire que nous ne disposons pas de système d’information stratégique, je veux dire par là des banques de données factuelles sur le milieu scolaire. Il n’est donc pas raisonnable de développer une stratégie, qui ne peut être, dans tous les cas qu’une stratégie déductive « top down » en l’absence de donnée du terrain. La recherche d’information stratégique est donc une obligation majeure avant de développer une stratégie de promotion du sport scolaire. Nous avons donc commencer par mettre en place, un plan de développement, soi disant, un plan stratégique présenté aux 16 AREF, et nous avons procédé à une analyse stratégique pour identifier les forces et les faiblesses de l’EPS aux niveaux des établissements scolaires, mais aussi les menaces et les opportunités qu’offre l’environnement externe. L’objectif de ce travail de proximité est de recueillir des données sur l’EPS, mais aussi de mettre à la disposition des acteurs un outil méthodologique leur permettant de développer leurs plans stratégiques régionaux. Nous voulons leur donner « des cannes à pêche et non des poissons » pour qu’ils puissent se prendre en main surtout que la stratégie du MEN dans les années à venir, est d’encourager les AREF à aller dans le sens de la décentralisation. Notre stratégie donc, consiste à mettre à la disposition des acteurs du terrain, une « boite à outil » méthodologique, pour qu’ils puissent développer leur système d’informations et développer des stratégies de promotion du sport scolaire et de l’EP dans les établissements scolaires.
Q9: On a souvent parlé des fonds de la fédération Marocaine du sport scolaire, est ce que celle-ci est, par exemple, capable de construire une salle couverte toutes les deux années dans l’une des AREF ?
Non, malheureusement elle ne le peut pas. Certaines personnes font une correspondance entre les 06 millions d’élèves scolarisés au niveau national et la recette des cotisations pour la caisse de l’association sportive. A raison de 10 à 20 dh chacun cela représente effectivement une coquette somme. Or il s’avère d’après nos statistiques que seule 20.3% payent la cotisation. A titre d’exemple, dans la région de Marrakech, à l’école primaire, 19932 élèves ont payé la cotisation pour un effectif de 410529 élèves (4.5%). Au collège 74170 ont payé la cotisation pour un total de 89201 élève (83.15%). Et au lycée pour un total de 50217 élèves, 49623 ont réglé la cotisation (98.81%). Le total général étant 26.13%. Certes, c’est au niveau du primaire où le taux de participation est très faible. Par conséquent la fédération ne peut pas s’investir dans la construction des complexes sportifs. Les fonds nous aident uniquement à améliorer le fonctionnement. Nos projets restent tributaires du concours de la société civile et de la recherche de nouveaux partenaires.
Q10 : Etes vous autonome dans la gestion de votre budget ?
En toute évidence, nous avons l’autonomie de gestion du budget, nos fonds servent à l’organisation des compétitions sportives scolaires et à la formation continue. Heureusement pour la direction, s’il n y avait pas de fédération depuis 1996, on ne pouvait même pas parler de direction du sport scolaire.
Q11 : Les ASS ne sont plus pauvres comme avant, et pourtant le niveau des compétitions scolaires chute de plus en plus. Si ce n’est pas à cause des moyens financiers, à quoi imputez vous cette régression ?
C’est vrai que les ASS ne sont plus démunies comme il n y’a pas longtemps. En effet, 65% des recettes restent dans les établissements. Avant la création de la FRMSS, les budgets étaient insignifiants. Actuellement, les équipements et le matériel pédagogique sont acceptables. Cependant, je ne partage pas votre avis sur la régression du niveau de compétitions. Les performances, au niveau qualitatif, de nos élèves se sont nettement améliorées. Une redéfinition du sport scolaire et de sa mission s’impose. Nul ne peut prétendre arriver à un haut niveau de performance sportive en milieu solaire. Le temps et les moyens alloués à l’EP et à l’ASS ne le permettent pas. Personnellement, nous mettons la discipline dans un continuum, qui commence par une EP de base ayant pour objectif l’acquisition des principes d’hygiène et de santé. En suite, une pratique sportive à volonté pour les élèves ayant un potentiel physique et sportif important au niveau des ASS. On suppose que l’obligation à la scolarisation fait que 90% des élèves bénéficient de cours obligatoires en EPS, la loi 06/87 le confirme : « l’EPS est une discipline d’enseignement obligatoire ». L’ASS ne peut être qu’une plate forme de détection et de prospection des talents sportifs vers le sport civil. Nous avons quand même des titres de champion du monde scolaire en demi fond depuis 06 sessions. Envisager une ligne de démarcation entre le sport scolaire et le sport civil, revient à dire que lorsque qu’il ‘agit de représenter dignement le pays, il n’est plus question de territoire, scolaire ou fédéral.
La question est de savoir que l’EP n’a ni les moyens, ni le temps de former des athlètes de haut niveau, et que toute spéculation qui attribue l’échec du sport national à l’EP scolaire, est une procédure d’ignorance. Maintenant quelles sont les mesures à tenir pour dynamiser d’avantage l’ASS sur le plan quantitatif et qualitatif ? Le travail en horaire continu peut offrir aux jeunes sportifs scolarisés l’opportunité de s’entraîner plus. L’éclairage nocturne des terrains des écoles peut aussi permettre de créer des créneaux d’entraînement supplémentaires.
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