https://journals.openedition.org/que...es/972L’auteur s’interroge sur l’accueil que l’apprenant réserve à l’héritage que l’on tente de lui transmettre. Sont mis en question l’interprétation des messages perçus, le déchiffrage des situations vécues. Il ne s’agit pas, en effet, de reproduction à l’identique, de conservation d’un bien intangible, mais bien plutôt d’une construction de sens à chaque fois renouvelée, entre le déjà là et ce qu’il y a à recevoir. L’enseignant reconnaît ce que son interlocuteur puise dans sa biographie (anamnèse), ce dernier accepte en retour de se mettre en mouvement, de se mettre en jeu (métanoïa).3Aussi, la transmission s’inscrit-elle dans un double processus. D’une part, de rapprochement progressif des deux partenaires de la relation éducative, fait de tension, parce que chacun est situé, a une identité qui lui permet d’exprimer des positions propres, fait également d’attention, parce que la présence d’autrui implique la reconnaissance de son altérité. D’autre part, de changement de stature de chacun, à travers un processus d’auto-construction réciproque (autopoïèse) qui se nourrit de complicités, de découvertes partagées. On apprend alors plus que ce qui est transmis, l’héritage reste vivant à travers l’investissement que chacun y apporte.